oeuvres

gravure

À partir de 1860-1861, Manet travaille la gravure et réalise en tout près d'une centaine d'estampes — soit à ce jour soixante-treize eaux-fortes et vingt-six lithographies et dessins sur bois184 —, en reprenant pour partie les sujets de certains de ses tableaux, les autres gravures étant totalement originales. Il s'y consacra régulièrement jusqu'en 1869, et y revint épisodiquement par la suite jusqu'en 1882. Des tirages et des retirages furent également réalisés après sa mort185. Il fut initié à cet art par Alphonse Legros et publié sous la forme d'albums par Alfred Cadart, lequel, via la Société des aquafortistes, produit deux livraisons à compter de septembre 1862184. Dresser une chronologie exacte des 99 estampes reste très difficile. La première semble avoir été Manet père I, pointe sèche et eau forte datée et signée, exécutée à la fin de l'année 1860184. On peut relever Le Guitarero (1861), Le Buveur d’absinthe (1861-1862), Lola de Valence (1862), L’Acteur tragique (1866), Olympia (1867, parue chez Dentu dans l'étude qu'Émile Zola consacra au tableau), L’Exécution de Maximilien (1868, lithographie), Le Torero mort (1868), La Barricade et Guerre civile (1871, lithographies), Berthe Morisot (1872) et Le Polichinelle (sa seule lithographie en couleurs, 1876). Il grava aussi des illustrations pour la librairie comme Fleur exotique, inspirée de Goya, destiné au recueil Sonnets et eaux-fortes (A. Lemerre, 1868), Le chat et les fleurs parue dans « Les Chats » de Champfleury (Jules Rothschild, 1869, sans oublier Le Rendez-vous des chats, lithographie pour l'affiche de lancement), les deux portraits de Charles Baudelaire parus dans l'étude signée Charles Asselineau (A. Lemerre, 1869), le frontispice pour Les Ballades de Théodore de Banville (été 1874), et surtout, trois ouvrages dont il est le seul illustrateur original, à savoir huit planches pour Le Fleuve de Charles Cros (La Librairie de l'eau-forte, 1874), quatre planches et deux vignettes pour Le Corbeau (Richard Lesclide, 1875) d’Edgar Allan Poe traduit par Stéphane Mallarmé, et, du même, quatre composition sur bois pour L'Après-midi d'un faune (A. Derenne, 1876).